O tempora, o mores!

Dernièrement, se tenait à Lyon le festival gréco-latin, sorte de grande kermesse pour professeurs agrégés de lettres classiques. L’une des toutes premières remarques du discours introductif, reprise ensuite par plusieurs intervenants, fut que le ministère de l’Éducation Nationale n’avait pas jugé bon de financer l’évènement. Ces messieurs de Paris ne voulaient sans doute pas subventionner la langue de Jules César et Cicéron, criminels notoires ; leur sens des valeurs leur conseille de financer plutôt des pacifistes convaincus, tels que l’ont été MM. Bokassa et Kadhafi.

Contrairement aux conférenciers, nous ne pensons pas que Marianne a la tête près du bonnet phrygien parce que le gouvernement actuel est de gauche. Que craignent ces prébendes qui prétendent représenter de présumés Français ? Que l’on apprenne que le Latin est l’ancêtre non seulement du Français mais encore de l’Espagnol, du Roumain ou du Franco-provençal. Perpétuer l’enseignement de cette langue, c’est ainsi rappeler qu’il y a une Histoire autre que celle de leurs ancêtres imaginaires les Gaulois. Voilà qui ne cadre pas avec les programmes d’Histoire de l’Éducation Nationale, qui nient les faits historiques quand ils ne les réécrivent pas.

Surtout ne parlons pas aux Savoisiens des Allobroges ! Et ne permettons pas aux universitaires savoisiens d’étudier les documents (rédigés en Latin) qui attestent de l’Histoire séculaire d’un État libre dans nos vertes montagnes ! Quant au Franco-provençal, descendant du Latin, il convient que l’on ne mentionne même pas son existence. Non content d’interdire l’enseignement de l’Histoire de Savoie dans les écoles savoisiennes, le gouvernement parisien veut manifestement nous confisquer les outils nécessaires à son étude.

Bref, M. Cicéron, qui soit dit entre nous n’avait pas de compte en banque non déclaré au Liechtenstein, serait en droit de s’exclamer aujourd’hui, faisant de ses Catilinaires des Lutétiennes :

« Quo usque tandem abutere, Lutetia, patientia Allobrogum ? »

(Jusqu’à quand abuseras-tu, Paris, de la patience des Savoisiens ?)