Comment qualifie t-on l’annexion frauduleuse de la Savoie par la France ?

Voici, ce qu’on apprenait à l’école, en 1882 :  Napoléon III, était un dictateur qui avait confisqué la démocratie (L’instruction civique à l’école : notions fondamentales, Picard-Bernheim (Paris), 1882).

Il est dommage que Monsieur Paul Bert, député et enseignant à la Sorbonne, ait omis de préciser (mais cet auteur de 50 ans, est bien excusable, compte tenu de son age)  que cet empereur avait annexé la Savoie de manière frauduleuse.

Quant aux parallèles, avec les locataires qui ne paient pas et le Président Louis-Napoléon Bonaparte, qui  « sentait bien qu’on était mécontent de lui et qu’on ne le renommerait pas », nous vous les laissons établir avec la situation actuelle, ce que comprendrons bien ceux qui, pour survivre tente de louer un bien, qui supportent la politique de l’État français et qui vivent au quotidien les aventures de classes politiques à bout de souffle.

Extrait de « L’instruction civique à l’école, Paul Bert, 1882 »les_2_gargantua

– Avez-vous quoique chose à me demander ?
Monsieur, vous dites que le Président de la République est nommé pour sept ans; et au bout de ces sept années, qu’est-ce qu’il lui arrive?
On le renomme, si l’on est content de lui. Sinon, il cède sa place à un autre.
Ça doit être ennuyeux de céder sa place à un autre.
Et s’il ne voulait pas s’en aller?
-Ah,  il commettrait un crime abominable. Ce serait comme un locataire qui refuserait de quitter au bout de son bail et garderait de force la maison louée ;  il serait un véritable voleur. Ce crime-là, qu’on appelle un coup d’État, a été commis le 2 décembre 1851, par Louis-Napoléon Bonaparte, alors Président de la République française.
Et pourtant il n’était pas à la fin de son temps; mais il sentait bien qu’on était mécontent de lui et qu’on ne le renommerait pas il a fait nuitamment mettre en prison les députés, puis arrêter ou assassiner tous ceux qui voulaient défendre la loi violée par lui. Et alors, chacun ayant peur, il s’est fait nommer empereur.

Et qu’est-ce qu’il faudrait faire, monsieur, si un autre président de la République recommençait ?

– Il faudrait que chaque citoyen prit son fusil, que tout le monde se soulevât et qu’on arrêtât le misérable pour le faire juger. »

On  ne plaisantait pas, mais de manière bien sélective, avec la démocratie en 1882, alors au nom de ce principe maintenant que le peuple de Savoie a rendu la mémoire au pays qui l’a annexé, que l’État français se retire de  Savoie.

Ce n’est que justice !

2 Replies to “Comment qualifie t-on l’annexion frauduleuse de la Savoie par la France ?”

  1. Merci d’avoir rappelé que celui qui a annexé la Savoie en 1860 était un dictateur. En effet, le prince Louis Napoléon qui était devenu président de la république Française de façon légale en 1848, a commis un coup d’état en 1851 et a confisqué le pouvoir. A partir de cette date ce triste personnage s’est fait appeler Napoléon III. De république, la France est redevenue Empire.

    Ainsi la Savoie est devenue Française en 1860 par la volonté d’un dictateur. Ce dernier pour habiller d’habits respectables ses basses manœuvres, a fait organiser un plébiscite qui a donné un résultat de plus de 99% de oui à l’annexion.

    Ce score de république bananière confirme que dictature et scrutin honnête ne sont pas compatible.

    On nous explique encore aujourd’hui que si la Savoie est devenue Française, c’est de façon tout à fait légale, par la seule libre volonté (sans contraintes, sans manipulations ; interdit de rire) de ses habitants. Les partisans de la Savoie Française pour justifier leur bon droit n’hésitent pas à encore se référer au résultat sans appel du plébiscite. Par contre ils ne s’attardent pas trop sur le chiffre officiel des oui. C’est tellement énorme, que s’en est gênant même pour eux.

  2. Et ce sont les mêmes Françoyards qui vont crier au scandale lors de la votation pour le rattachement de la Crimée à la fédération de Russie. Alors même que le score y était bien plus faible tout en étant le reflet de la volonté des Criméens depuis toujours russophiles, bien plus faible que les 99,8% de oui à la France, alors que dans leur histoire les Savoisiens n’ont jamais été bien francophiles! Deux poids, deux mesures!

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